Ça vous est peut-être arrivé un jour. Ou peut-être
pas. Dans ce dernier cas, je vous souhaite vivement de vivre ça.
Ça, c’est d’abord l’expérience d’un spectacle sur
scène qui touche, chavire. Qui rend heureux.
Dès les premiers sons de la trompette de
l’auteur-compositeur-interprète Jipé Dalpé, on savait que quelque chose allait
se passer. La tête en bois, chante le gars. Si sa tête est en bois, on parle de
bois franc. Qui dit des choses vraies, pas empruntées. Ce bois dense et solide
qui vous porte et supporte. Le bois dans lequel on sculpte des histoires
touchantes, parfois rieuses, souvent heureuses. Un bois franc imperméable à
l’eau de rose.
Diplômé de l’académie de la vie, il a évolué sans
cette idée de devenir une star. C’est son choix. Son chemin. Peut-être moins
instantané qu’un autre, mais un chemin qui a quelque chose d’unique. Jipé a
foulé les scènes, les bars, les restaurants, les premières parties. Il a
accompagné, écrit, réécrit. Il s’est fait un nom. Et un prénom.
Dans un théâtre du Petit Champlain rempli, il a
transporté son public. Littéralement. Il l’a fait surfer sur une vague de
bonheur pur.
J’ai la tête en bois, chante-t-il. Si c’est le
cas, son cœur n’est pas un nœud, ça, c’est clair!
La tête en bois, c’est une chanson. Un hymne. Un
hymne qui peut vous accompagner dans chacun de vos combats. Un hymne qui ne
prétend pas, naïvement, que tout est possible. Un hymne qui a la particularité
d’interpeller, dans la toute dernière phrase, l’entourage immédiat de la
personne concernée. À une époque où on se demande parfois si l’engagement
existe encore, c’est quelque chose.
Écoutez ça. C’est un bijou.
Un bijou dans un coffre qui en contient quelques
dizaines. Un coffre en bois. Franc.
Des fois, je me dis que si on me donnait
l’opportunité de jaser musique pendant
deux minutes dans une émission de télé à très grande écoute, je dirais ceci,
essentiellement : que ce soit Jipé ou un autre, sortez! Visitez les
petites salles de spectacle. Faites-vous le cadeau de la découverte. La radio
commerciale, c’est une chose. Il y a tout un monde incroyable qui ne percera
jamais les paramètres étroits qu’elle a établis. Aller voir un spectacle, c’est
obtenir l’accès privilégié à un monde. Celui d’un artiste qui veut s’exprimer.
Allez-y plus d’une fois, le cœur ouvert, l’oreille attentive. Vous serez
surpris. Peut-être qu’un jour, vous entendrez cet artiste à la radio
commerciale. À ce moment, vous sourirez en vous disant que l’auditoire découvre
un monde que vous avez contribué à faire connaître!
Je vous souhaite, disais-je donc au début, de
vivre ça. Ça, c’est aussi cette sensation délicieuse qui consiste, au sortir
d’une salle de spectacle, à avoir le goût de dire à tout le monde :
« Un moment de pur bonheur vient de se dérouler! Moi, j’étais
là! »